Rückzug des Ensembles Juthour vom Internationalen Folklorefestival Freiburg RFI
Categories: Kultureller Boykott
Das palästinensische Tanzensemble Juthour aus Bethlehem hat beschlossen, sich vom Internationalen Folklorefestival Freiburg/Schweiz zurückzuziehen (siehe Stellungnahme von Juthour). Damit entgeht dem Publikum in der Schweiz bedauerlicherweise eine der seltenen Gelegenheiten, palästinensische Kultur zu sehen. Dennoch ist der Rückzug im Kontext der palästinensischen Kampagne für akademischen und kulturellen Boykott berechtigt und nachvollziehbar.
BDS Schweiz ergreift die Gelegenheit, sich in einem Offenen Brief an Kulturveranstalter in der Schweiz zu richten.
Offener Brief auf Französisch und Englisch.
Open letter to the organizers of cultural events in Switzerland.
The Palestinian group Juthour withdraws from the International Folklore Encounters Festival Fribourg (RFI).
Geneva, Basel, July 1, 2012 (original : French)
Dear Festival Organizers,
The Palestinian dance Juthour, based in Bethlehem, canceled its participation in the International Folklore Encounters Fribourg Festival (RFI). Sadly, this decision deprives the Swiss public a rare opportunity to experience Palestinian culture live, and yet is fully justified.
The statement of the Palestinian dance group Juthour explains their decisions by the presence at the festival of the Israeli group Shalom Israel. We recall that when they presented the 2012 festival edition, RFI management stated their intention to bring the two groups together on stage. Juthour's statement announcing its withdrawal from RFI (attached), explains that their performance would be stained by the presence at the festival of a group whose production supports the colonization of Palestinian land. Palestinian artists are committed to reject participation in events that that trivialize and normalize the Israeli occupation.
The city of Ashdod, where the group Shalom Israel was founded, was built on the ruins of the Palestinian town of Isdud, ethnically cleansed during the War of 1948 (*). All 5,300 inhabitants of Isdud were forced to flee or were expelled to the Gaza Strip, where, today, their children and grandchildren suffer the Israeli blockade. Concomitantly, it is a colonizing culture that has emerged in the city, brutally destroying the local Palestinian culture. The Shalom Israel group, which emphasizes its role as cementing the different cultures of Ashdod, unifying folklore by new residents from the former USSR with that of the first Jewish settlers who arrived from Morocco in the 1950s, is fully complicit in this operation. Incidentally, the group is also involved in effacing the particular Jewish cultures in order to conform them to the colonial project of Israel.
In contrast, Juthour's dancers reside in Bethlehem, a West Bank town subject to a continuing Israeli military occupation, surrounded by 17 illegal Israeli settlements. It is in this city, where it is dangerous to be Palestinian, that the dancers of Juthour continue to work to maintain the vitality of Palestinian traditional dance. As a collective engaged in resistance and culture, Juthour is currently involved in performances in solidarity with Palestinian prisoners in Israel. The Al-Doha Cultural Centre, of which Juthour is the main resident, organizes the Arts Festival for the Right of Return for Palestinian refugees, whose sixth edition was held at the University of Bethlehem early this July.
The management of RFI therefore thought to bring together in the same festival representatives of a culture of oppression and representatives of a culture of resistance without considering that this would be offensive to the latter. We regret that those responsible did not fully consider the embarrassing situation in which they have put Juthour.
RFI management also ignored that Palestinian artists have been engaged since 2004 in the cultural and academic boycott of Israel (PACBI), the cultural component of the campaign for Boycott, Divestment, Sanctions against the apartheid policies of the State of Israel (BDS). The cultural boycott of Israel condemns events that promote a false symmetry between the Israeli occupation and the Palestinian resistance, as well as events that claim to promote dialogue or reconciliation without mentioning the Palestinian demand of justice. Such events trivialize and normalize Apartheid. We recall that in 2011, over 170 artists in Switzerland have made public their support for this campaign.
BDS Switzerland regretted that the RFI have not been able to showcase culture traditional Palestinian in a respectful environment. In this regard, we invite Swiss institutions to take cognizance of remarkable cultural work of the Al-Doha center in Bethlehem, and to support it.
BDS Switzerland is at the service of institutions and programmers of cultural events in Switzerland who seek information about the boycott led by Palestinian artists against Israeli policies.
References:
- Official web page of Juthour (see also Juthoor or Jothor), resident of Al-Doha Cultural Centre in Bethlehem
The dance company on Video
Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee problem, 1947-1949, Cambridge University Press; 1987, p.223.
Lettre ouverte aux organisateurs d'événements culturels en Suisse.
L'ensemble palestinien Al-Juthoor se retire des Rencontres de folklore international de Fribourg.
Genève, Bâle, le 1er juillet 2012
Mesdames, Messieurs,
L'ensemble palestinien de danse Juthoor, basé à Bethléem, a décidé d'annuler sa participation aux Rencontres de folklore international de Fribourg, en Suisse (RFI). Cette décision prive malheureusement le public suisse d'une occasion rare de connaître la culture palestinienne vivante, mais elle est pleinement justifiée.
Les responsables de l'ensemble palestinien Juthoor expliquent leur décision par la présence au festival fribourgeois du groupe israélien Shalom Israel. Rappelons que les organisateurs des RFI, lors de la présentation de leur édition 2012, avaient projeté de faire l'événement en réunissant sur scène les deux ensembles. Le communiqué de Juthoor, annonçant son retrait des RFI (ci-joint), explique que le spectacle proposé par les folkloristes palestiniens serait entaché par la présence au festival d'un groupe dont la production soutient la colonisation des terres palestiniennes. Or les artistes palestiniens ont pour règle de ne pas s'associer à des événements qui banalisent et normalisent l'état de fait de l'occupation israélienne.
Les quartiers modernes de la ville d'Ashdod, où a été fondé le groupe Shalom Israel, ont été construits sur les ruines de la localité palestinienne d'Isdud, qui a subi des opérations de nettoyage ethnique pendant la guerre de 1948(*). La totalité des 5'300 habitants d'Isdud ont été obligés de fuir ou ont été expulsés vers la bande de Gaza où, aujourd'hui, leurs enfants et petits-enfants subissent le blocus israélien. De manière concomitante, c'est une culture colonisatrice qui s'est imposée dans la ville, en détruisant brutalement la culture palestinienne locale. Le groupe Shalom Israel, qui aime souligner son rôle de ciment culturel de la ville d'Ashdod, unifiant par le folklore les nouveaux habitants provenant de l'ex-URSS et les premiers juifs emmenés du Maroc dans les années 1950, s'inscrit pleinement à cette démarche. Au passage, le groupe participe aussi au lissage des particularismes des cultures juives afin de les conformer au projet colonial israélien.
Les danseurs de Juthoor, en revanche, résident à Bethléem, une ville de Cisjordanie soumise à une occupation militaire israélienne permanente, entourée de 17 colonies israéliennes illégales. C'est dans cette ville, où être palestinien est dangereux, que les danseurs de Juthoor continuent d'oeuvrer à la vitalité des danses traditionnelles palestiniennes. En tant qu'ensemble engagé dans la résistance et la culture, Juthoor participe actuellement à des représentations en solidarité avec les prisonniers palestiniens en Israël. Le centre culturel Al-Doha, dont Juthoor est le principal résident, organise aussi le Festival artistique pour le droit au retour des réfugiés palestiniens, dont la 6ème édition a lieu à l'université de Bethléem au début de ce mois de juillet.
Les organisateurs des RFI pensaient donc pouvoir réunir dans le même festival des représentants d'une culture d'oppression et des représentants d'une culture de résistance sans se questionner sur ce que cela avait d'offensant pour ces derniers. Nous regrettons que les responsables des RFI n'aient pas compris l'embarras dans lequel ils ont plongé le groupe Juthoor.
Les organisateurs des RFI ont également voulu ignorer que les artistes palestiniens sont engagés depuis 2004 dans le boycott culturel et académique d'Israël (PACBI), le volet culturel de la campagne Boycott Désinvestissements Sanctions contre la politique d'Apartheid de l'État d'Israël (BDS). Le boycott culturel d'Israël condamne les événements qui font la promotion d'une fausse symétrie entre l'occupation israélienne et la résistance des Palestiniens, ainsi que les manifestations qui prétendent encourager le dialogue ou la réconciliation sans mentionner les exigences de justice, et qui visent à terme à banaliser et normaliser l'Apartheid. Nous rappelons qu'en 2011, plus de 170 artistes en Suisse ont rendu public leur soutien à cette campagne.
Le BDS Suisse regrette que les RFI n'aient pas su mettre en valeur la culture traditionnelle palestinienne dans un cadre respectueux. À ce propos, nous invitons les institutions suisses à prendre connaissance de l'action culturelle remarquable que mène le centre culturel Al-Doha de Bethléem, et à soutenir son travail.
Le BDS se tient à la disposition des institutions et des programmateurs de manifestations culturelles en Suisse pour les informer des termes du boycott mené par les artistes palestiniens contre la politique israélienne.